Derrière la seule fenêtre qui m’était disponible, je regardais le soleil se lever encore une fois. Je ne me lassais jamais de ce spectacle enivrant dont j’avais été privée de nombreuses années à cause des hauts murs lugubres du centre de recherche. La boule de feu aussi écarlate que mes pupilles montait rapidement dans le ciel rendu violet. Assise dans mon lit défait, je profitais de ce moment de répit, pendant que presque tous dormaient dans le dortoir seulement éclairé par les premiers rayons de soleil qui filtraient dans les arbres.Personne pour me déranger, personne pour fixer mes yeux avec horreur ou fascination. Personne tout court. Pour moi, cette situation signifiait le paradis. Pas que je détestais les contacts avec les autres pensionnaires (quoique…), mais le fait d’être en constante interaction avec des gens ne plaisait pas à la jeune fille triste et nostalgique que j’étais depuis quelques jours. Heureusement, mes voisines de lit ne cherchaient pas à me faire la conversation.
Je jetai un coup d’œil rapide à mon cadran. 6h00. Les vampires devaient être revenus de leurs chasses nocturnes, je pouvais donc me promener sans trop de problèmes dans la forêt de l’Academy, comme j’avais prévu la veille. Mon repas m’attendait dans son joli panier d’osier dessous mon lit. Mes vêtements fraîchement lavés étaient accrochés à un ceintre et pendaient un peu plus haut que ma tête. On ne pouvait pas imaginer de plus belles conditions pour un samedi réussi. Après quelques essais infructueux, je réussis à me hisser hors des draps et, sans faire trop de bruit, je parvins à atteindre la porte. Il ne fallait pas réveiller personne, ce qui semblait être une mission impossible à cette heure, où le sommeil de plusieurs semblait aussi fragile que des œufs. Je pris une douche très rapide, enfilai un tee-shirt des plus ordinaire et des bermudas. Disons que je ne voyais aucun intérêt à me vêtir en mini-short et top sans manche. Surtout que je semblais attirer des ordes de moustiques encore plus sanginaires que certaines créatures que je côtoyais régulièrement.
Traversant le hall à une vitesse impressionnante pour une humaine (et presque équivalent au rythme de marche de la plupart des buveurs de sang), je poussai la lourde porte et pris la direction de la forêt, m’engageant sur un sentier de terre battue à peine visible, couvert par une végétation sauvage qui échappait aux jardiniers. La chaleur que certains qualifiraient d’étouffante me faisait sentir dans mon élément. Et les deux sens du terme comptaient, pour une fois. Le faible bruissement des feuilles vertes brisait un silence doux et bienfaisant… Je regrettais toujours que Zu ne soit pas avec moi. Uniquement sa présence aurait arrêté le flux de questions sans réponses qui occupaient mon esprit et qui me pourrissait la vie. Mais bon, je me forçai à penser positivement. Effectivement, je souris à la pensée qu’une demi-libertée valait mieux qu’un emprisonnement à vie dans un endroit entièrement blanc et froid.
Je passai toute la journée à marcher au travers des arbres centenaires, à me reposer dans une clairière et à m’entraîner afin d’augementer mon influence sur le feu que je créais de mes mains. Si bien que j’enflammai quelques touffes d’herbes sèches et plusieurs fleurs multicolores. Ce mode de vie me rappella les bonnes années de mon enfance, avant ce drame causé par ma sœur (qu’elle meure dans les plus rapides délais!) et mon arrivée au centre de recherche. Je m’amusais tellement que je ne vis pas le soleil décliner. Bientôt, le noir fut total. En retard, je me dépêcha de rentrer dans le bâtiment principal. Je n’aimais pas être sur un territoire de chasse…
Je préféra rentrer par une entrée secondaire que par l’imposante porte du hall. Effectivement, à cette heure, il aurait idéalement fallu que je me repose confortablement dans le dortoir des filles, situé à l’autre bout de l’édifice. Je ne souhaitais pas tomber sur un membre de la Cross Guard ou pire, un des directeurs se baladant dans les couloirs sombres pour le plaisir. La première partie du chemin se fit sans trop causer de problème, bien que je dus utiliser une petite flamme pour voir à deux pas devant moi. Je connaissais le chemin presque par cœur. Après trois mètres, tourner à droite. Puis, prendre la gauche à la deuxième intersection. Je parcouru une bonne distance dans le labyrinthe étourdissant qu’était l’Academy.
La deuxième moitié se passa plus mal pour moi. J’allais virer à un coin lorsque j’entendis une conversation un peu plus loin. Environ dix secondes passèrent avant que je puisse comprendre que trois vampires marchaient en ma direction. Rapidement, en plus. Grâce à leur odorat trop développé, je ne pourrais pas me cacher. Si j’étais malchanseuse, ils m’avaient déjà pincé. Et tant pis, je partis (silencieusement) en courant dans la direction opposée et empruntai un itinéraire totalement reposé sur le hasard. Cinq minutes plus tard, je m’accorda une pause, et du me rendre compte que je ne connaissais du tout l’endroit (formé de couloirs, de couloirs et de couloirs). Mon sens de l’orientation n’étant pas des plus hauts points, je n’espérais pas retrouver un lieu familier avant le lever du jour. Et disons que je ne voulais pas trop traîner dans l’Academy seule, fatiguée et perdue. Oh, que je puisse m’endormir debout le lendemain matin ne m’inquiétait pas tant. C’étaient plutôt les créatures de la nuit qui me faisaient peur. Bien que la plupart n’oseraient pas boire le sang d’une pensionnaire, certains ne pouvaient se contrôler lorsque la lune apparaissait dans le ciel.
Pourtant, je pris un chemin au hasard, plus prudente cette fois. Je mettais un pied devant l’autre tranquillement, tous mes sens prêts à m’avertir d’une venue étrangère. C’était ridicule. Avoir peur de la famille de ma sœur. J’aurais plutôt dû remettre à leur place les quelques individus qui osaient terroriser les humains. Mais, l’atmosphère lugubre des casiers n’aidaient pas à ce que mon courage prenne de l’ampleur.
Finalement, après une ou deux heures d’errance avec pour seul rebondissement un livre qui tomba d’un casier (et qui me fit sursauter), j’atteris plus tôt que prévu dans un lieu connu. Cette porte immense, ces boiseries que j’avais toujours trouvé immondes. Eh oui, j’étais arrivée à l’endroit que j’avais voulu éviter à la rentrée de mon escapade. Le Hall, que la clareté de la lune transformait en un endroit iréel. Et, au bas des escaliers de marbre blanc qui soutenaient mon poids, une jeune fille semblait attendre quelque chose. À sa peau livide, je compris qu’elle aussi était une vampire. Je descendis les escaliers sans trop d’empressement, toujours prête à utiliser mes pouvoirs en cas d’attaque de sa part. Mais non. Lorsque j’ateignis le plancher des vaches, l’inconnue avança d’un pas, puis m’interpella alors que je lui tournait le dos.
- Euh salut, je suis Nao Shigematsu. Je m'excuse d'arriver à une heure pareille.
Je me tourna lentement, mesurant tous mes gestes. Lorsque je me trouvai face à face avec la nouvelle arrivée ( d’après le sac qu’elle traînait sur le dos ), elle put admirer mes iris rouge sang. Elle n’avait pas l’air effrayée, juste surprise. Tant qu’elle ne me prenait pas pour l’une des siennes, ça m’allait. Je fis mine de m’en aller, mais, à la dernière minute, je décidai de rester, et de lui répondre. Je me rappellais trop mon arrivée à l’Academy, ignorante et surtout égarée. Je souris faiblement, puis je m’adressa finalement à elle.
- Je crois que tu es nouvelle par ici n’est-ce pas? Mais à l’habitude, les gens arrivent un peu plus tôt. Que t’est-il arrivé?
[Hors RP: Désolée de la longueur du post, je suis un peu rouillée.^^"]